Nous reprenons la route pour Udaipur via Bijaipur où nous passons la nuit. Sur le chemin, nous traversons de très jolis paysages. C’est un vrai plaisir de regarder les paysans labourer la terre avec leurs buffles, les femmes porter les fagots de bois ou les réserves d’eau potable sur leur tête, le long de la route, les enfants ébouriffés et poussiéreux qui jouent dans les cahutes.
Ici, pas de voiture ou presque, quelques motos au mieux, mais des vaches et des chèvres menées à la baguette par de vieilles bergères en sari. Dans les petites parcelles de terre rouge, on fait pousser le riz, la canne à sucre, ou le blé. A l’heure du déjeuner, on voit les jeunes filles apporter le repas aux paysans restés dans les champs. Le trajet défile, de village en village, avec ces minuscules maisons en pierres sèches et aux toits de branchages. A notre passage, certains nous regardent, surpris, d’autres nous offrent un sourire, certains enfants agitent la main en criant des « Hello » ! Ici, la vie a l’air plus douce qu’ailleurs, loin du tumulte des grandes villes indiennes ; chacun semble remplir son rôle, et le travail est l’affaire de tous, même des anciens. Ici, la retraite ne peut être que spirituelle.

Avant d’arriver à Bijaipur pour la nuit, nous visitons un vieux temple dédié à Shiva. Encore un petit bijou perdu au milieu de nulle part.
Juste le temps pour moi d’adopter une petite bactérie locale, et nous repartons vers Udaipur. Encore quelques heures de route, en traversant toujours cette jolie région agricole. Nous nous arrêtons visiter le Fort de Chittorgarh,en cours de restauration car il est très abîmé, sa tour, son temple, son réservoir, et toujours ces colosses en pierre taillée, recouverts de minuscules détails, ça reste un plaisir à regarder.


Puis Shaadi nous arrête casser la croûte dans un boui-boui en bord de route. Souvenir mémorable. Arrivée à Udaipur dans un haveli un peu glauque, mais avec un beau toit-terrasse, où nous passerons le plus clair de notre temps.

La vue sur le lac est superbe, sur la rive opposée on devine les femmes qui font leurs ablutions sur le ghat, comme les hommes, qui eux y viennent à l’aube. Un peu plus loin, l’immense palais domine le lac du haut de ses larges façades ocre jaune. Voilà le décor qui servira de salle classe aux enfants pendants 3 jours… C’est peut-être pour ça qu’on est en retard ?

Première journée à Udaipur : nous nous promenons un peu en ville, croisons nos french girls rencontrées à Bundi et tapons un peu la causette ; puis nous allons visiter le palais. Enfin, surtout David et Pablo, car Maé et moi avons raté l’essentiel… Bref ! Ensuite, nous avons déambuler autour de Clock Tower et ses ruelles marchandes, avant de faire une pause déjeuner assis en tailleur au bord du lac. Repas qui fera le bonheur de ma petite bactérie.
Le lendemain, David et les enfants vont visiter un jardin avec Shaadi, et rentrant, clac ! David se fait un bon petit tour de reins. Résultat des courses : le séjour à Udaipur ne nous a pas été très profitable! Ca, c’est fait…

Allez, c’est reparti pour Ranakpur via Kumbalgarh où nous visitons… ? Le Fort ! Bien ! Y’en a qui suivent… David est en deux, ou en un seul morceau tout raide. J’en mène pas large non plus… Mais là encore, la région du Mewar que nous traversons est vraiment belle. Plus montagneuse, plus verte, la vie paysanne nous offre de belles scènes de vie. On ne se lasse pas de ces images qui défilent sous nos yeux, avec le CD de méditation matinale de Shaadi en bande son, et le parfum d’encens qu’il brûle chaque matin dans la voiture avant de nous récupérer… Le fort de Kumbalgarh est l’un des seuls que les Moghols n’ont pas réussi à assiéger, mais l’intérieur est d’un intérêt limité, même s’il permet de prendre la mesure de l’immensité du site : la muraille qui encercle le Fort serait la 3ème plus grande du monde. Nous arrivons ensuite à Ranakpur où nous passons la nuit. Nous allons visiter un temple Jaïn vraiment magnifique, entièrement taillé dans le marbre. Il y a là plus de 1400 colonnes, toutes ciselées de manière différente. C’est magnifique !


Le lendemain, la route nous mène jusqu’à Jodhpur la Bleue. Lessive et travail dans un charmant petit haveli loin de l’agitation et dîner de Rajas (rois) préparé par la maîtresse de maison. Seule ombre au tableau, le petit gamin qui nous servira pendant 2 jours n’a pas vraiment l’air de faire partie de la famille…
A Jodhpur, visite du…? Fort, très bien ! Un des plus jolis pour nous. Et ballade dans la vieille ville, près de la Clock Tower, au cœur du bazar, des motos, des chiqueurs de bétel, des crachats, des klaxons, des regards insistants, des sollicitations en tout genre : tout ce que les enfants adorent 😦

Le soir, nous dînons à l’hôtel avec deux Françaises avec qui nous parlons voyage. C’est toujours agréable !
Longue journée de route pour Jaisalmer. Nous faisons juste une courte visite au temple Jaïn de Osyan, où une vache a tenté d’encorner David : elle a décelé en lui le torero qui s’ignore. Faut dire qu’il a essayé de lui passer devant, et ça, en Inde, les vaches elles aiment pas trop !!! Puis pause déjeuner dans un restaurant de bord de route, où une nuée de guêpes nous attendait à l’accueil… Pas grand chose de plus sur la route, hormis quelques cultures de coton et de cacahuètes, 2-3 gazelles et une famille d’oiseaux migrateurs au bord d’un lac, des hérons cendrés peut-être ?
Nous consacrons la matinée suivante à la visite de la citadelle, habitée cette fois, et du Patwon Haveli.

Les couleurs de Jaisalmer sont magnifiques, toute la ville est construite avec cette pierre ocre jaune à laquelle le soleil donne des reflets mordorés. Dans l’après-midi, nous allons voir avec Shaadi un temple Jaïn au bord d’un lac, puis il nous emmène à Bada Bagh, visiter les chhatris où avaient lieu les crémations des Maharajas, jusqu’au coucher du soleil.

Le soir, nous avons voulu sortir de notre hôtel nauséabond et suivre les conseils de bad-trip-advisor, qui s’est avéré ce soir-là être de mauvais conseil, à moins d’être pris d’un irréprésible de manger coréen ; pourquoi pas remarque… Mais ça nous a donné l’occasion de prendre un rickshaw bollywoodien, qui poussait des « Oh ! » et des « Coooow ! » à chaque fois qu’il voyait une vache. On s’est fendu la poire pendant tout le trajet !
Nous passons la matinée au « Gem Past Hotel », puis nous allons déjeuner chez Monica, notre cantoche à Jaisalmer, avant notre Camel Safari in The Desert. Nous sommes seuls avec Anjana, une Indienne de Bangalore et notre chauffeur, Mr Soda. Après une heure de Jeep dans le désert du Thar, qui est plutôt une steppe à cette période de l’année, nous retrouvons nos deux Camel Men, et nos montures à bosse : Mickaël pour David, Mr Goma pour Maé, Mr India pour Moi, et… Marco pour Pablo (Marco, si tu nous regardes…) ! Au bout d’une heure à califourchon à surfer sur la bosse, nous sommes descendus, les jambes arquées, mais heureux !


Là, les dunes exhibent leur formes généreuses aux rayons du soleil couchant ; nous nous y laissons glisser, rouler, nous les caressons de nos mains et de nos pieds nus, en laissant couler le sable fin entre nos doigts, une fois, dix fois, cent fois…en repoussant, de-ci, de-là des scarabées made in Starship Trooper… Nous entendons juste les clochettes de Marco & Co, qui broutent aux pieds des dunes. Le soleil s’évanouit doucement, laissant la place au crépuscule. Mr Soda nous emmène alors à 2-3 kms de là, voir un spectacle musique et danse en plein air, purement Rajasthani – qui, pour être véritable, doit se dérouler sous une nuée de criquets albinos en folie, sinon c’est du streaming… Mais sinon, les musiciens étaient vraiment bons, même si on aurait pu faire un peu plus court ! Allez, avant de partir, il serait bon d’aller au petit coin avant la nuit dans le désert. Mais ma traversée du désert, à moi, c’est de parcourir, tête baissée, les 15 mètres qui me séparent du lieu dit, sur lesquels les criquets ont formé un joli tapis blanc, sans compté leurs amis volant-sautant ; on aurait dit qu’on jetait des grains de riz, voire des sushis à mon passage… J’ouvre la porte, enfin, elle est là, et derrière… il neige des criquets, mais c’est la tempête, façon congère ! Je préfère les scarabées… Nous rentrons à nos dunes, Mr Soda et nos camel boys nous installent nos couches, là, sous un tapis d’étoiles. A chaque étoile filante, nous formulons de nouveaux vœux, attendant la prochaine jusqu’à ce que les yeux ne puissent plus lutter.

Nous nous réveillons peu avant le soleil, nous l’attendons même un peu. Nous profitons encore un peu de lui, des dunes et du silence autour d’un tchai tea préparé au feu de bois, puis nous retrouvons nos dromadaires, pour rentrer à Jaisalmer. L’organisateur du safari nous prête une chambre pour prendre une bonne douche. Plus tard, nous prenons le train de nuit qui nous ramène vers Delhi.
La nuit sera bonne, cahin-caha…
A l’approche de Delhi, les bidonvilles qui longent les voies ferrées donnent le vertige. A croire que tout ce que nous avions vu jusque-là n’était qu’un aperçu. L’esprit se brouille. Après 18 heures de train, nous retrouvons Shaadi qui nous dépose à la ghesthouse. Chacun vaque à ses occupations, avant le départ pour la Birmanie demain. Mais ça, c’est une autre histoire.