
Nous quittons l’hôtel de Mandalay vers 13:00 avec Dee Dee, le chauffeur de taxi qui nous a fait visiter la ville hier. Il est très sympa, un peu rock & roll, ce qui n’est pas pour nous déplaire;-). L’avion a une heure de retard, question d’habitude, nos avions ne sont jamais à l’heure… Nous arrivons à Tachileik en fin de journée, juste à temps pour prendre un taxi jusqu’à Mae Sai, en Thaïlande. Avant le passage de frontière, le taxi s’arrête devant un rideau de fer baissé, qui s’ouvre miraculeusement à notre arrivée, où nous changeons le reste de nos kiats birmans en baths thaï… Nous passons un premier poste frontière pour sortir du Myanmar, puis un second, pour rentrer en Thaïlande. Nous déposons nos fardeaux à l’hôtel, où le gars qui nous accueille ne pipe pas un mot d’anglais, ce qui n’est pas de bon augure pour organiser notre trajet de demain jusqu’à la frontière laotienne, en sachant que le bateau que nous devons prendre à Huay Xai part à 11 heures, que nous avons minimum 2 heures de route pour nous y rendre, et que nous devons faire nos visas avant d’embarquer… Pour le moment, nous allons manger une soupe de nouilles et deux beignets aux trois petits stands de rue installés à quelques pas de l’hôtel. Les enfants font même un peu de sport sur les appareils de musculations qui sont posés là, en libre service…
Courte nuit et petit déjeuner rapide préparé à la hâte. La patronne nous a trouvé un taxi pour nous emmener à Chiang Kong, frontière lao-thaïe. Nous passons à nouveau 2 douanes pour sortir de Thaïlande et rentrer au Laos, et nous faisons la queue, comme plusieurs dizaines d’autres touristes, pour obtenir nos visas. Puis un bus nous emmène jusqu’à l’embarcadère où nous prenons le slow boat jusqu’à Luang Prabang, que nous atteindrons après deux jours de navigation sur le Mékong, la « mère des eaux » qui va nous accompagner jusqu’au sud du Vietnam.
Le bateau est une énorme pirogue à moteur, dans laquelle sont installés des sièges de bus récupérés, pour pouvoir accueillir les petites fesses sensibles de 150 touristes en mal d’exotisme dont nous faisons tristement partie… Nous nous retrouvons complètement à l’arrière du bateau, près de la cale moteur, d’où surgit un bruit infernal que nous subirons pendant toute la traversée.
Mais le Mékong offre des paysages magnifiques, avec le Laos et la Thaïlande qui se toisent de part et d’autre de ses rives. Enclavé entre de massives collines couvertes de forêt primaire, nous naviguons lentement, comme coupés du monde, si on oublie les 150 personnes à bord, et la douce mélodie du moteur…Pas âme qui vive sur les rivages du fleuve, à peine quelques barques de pêcheurs de temps en temps ! Le paysage défile et c’est un vrai plaisir. Après 5 heures de navigation, nous arrivons à Pakbeng, village-étape où nous passons la nuit.


Le lendemain, nous embarquons dans un bateau plus petit, et beaucoup moins bruyant, c’est vraiment plus agréable. Au matin, le Mékong est plongé dans une brume épaisse, qui lui donne des allures mystérieuses. Nous reprenons notre route au fil de l’eau, et les joues fouettées par l’air frais. Quel bonheur…Nous nous laissons bercer par les courants du fleuve, pendant près de 7 heures avant d’arriver à Luang Prabang. Mais le voyage n’est pas tout à fait terminé puisque nous débarquons en fait à 10 bons kilomètres de la ville que nous rejoindrons en tuk-tuk commun, avant d’en prendre un autre pour arriver à notre hôtel… Nous faisons un petit tour au night market, où il se vend toutes sortes de souvenirs, et nous allons dîner dans cette jolie petite ville basse que nous découvrirons mieux à la lumière du jour.

Après une matinée de travail, nous changeons d’ hôtel car celui-ci est vraiment excentré et le wifi ne fonctionne pas, or nous en avons besoin pour envoyer les devoirs. Après quoi, nous nous baladons le long des rives du Mékong, à l’ombre des grands arbres. Nous traversons le pont de bambou, reconstruit chaque année après la saison des pluies, pour aller voir ce qu’il se passe de l’autre côté. Puis nous marchons sans but précis, à la découverte de cette ville paisible, classée au patrimoine mondial de l’Unesco d’ailleurs. Ensuite nous allons visiter le joli petit temple Wat Maï. 
Les enfants rentrent à l’hôtel, tandis que David et moi grimpons sur le mont Phousi pour voir le coucher de soleil sur la ville. Et même si le panorama vaut le coup d’oeil et la grimpette, il ne faut pas s’attendre à passer un moment en tête à tête, devant l’astre qui s’évanouit… A moins de se prendre pour un couple de stars hollywoodiennes sous le crépitement des appareils photo de paparazzi acharnés… Bref, nous avons préféré redescendre plus vite que le soleil pour éviter les bouchons dans l’escalier, c’est dire ! Nous récupérons nos deux amours pour aller dîner dans un des nombreux petits restos sympathiques de Luang Prabang.

Pas de planning précis aujourd’hui, nous prenons notre temps pour lézarder un peu avant d’aller casser la croûte au bord du Mékong dans un endroit un peu branchouille mais calme à cette heure-ci. Puis nous errons dans les petites rues de Luang Prabang et notre visite du Palais ne pourra pas se faire comme prévu, puisqu’il ferme ses portes 10 minutes plus tard…
Nous faisons un petit tour dans les ruelles où les petits stands de rue commencent déjà à faire griller toutes sortes de brochettes pour les clients du soir. Juste à l’arrière de la grande rue de Luang Prabang, ce dédale de gargotes sent bon la vie locale. Finalement, la journée est passée comme un rien, sans doute avions-nous besoin d’un peu de ça : se laisser aller à ne rien faire… 
Quelques gouttes commencent à tomber lorsque nous rentrons à l’hôtel, et nous traversons le marché de nuit sous la pluie pour aller dîner. Les petites vendeuses sont obligées de remballer leur marchandises avant l’heure. Nous rentrons à l’hôtel en tuk-tuk, encore un peu mouillés, et pas très réchauffés. Demain, nous prévoyons d’aller voir les magnifiques cascades de Kuang Si.

Au réveil, la pluie tambourine sur les toits, comme elle l’a fait toute la nuit. En attendant l’accalmie, David et moi allons visiter l’ancien Palais Royal… Bon… En sortant, la pluie reprend de plus belle, nous allons prendre un café en espérant que ça se calme. Au final, nous rentrons à l’hôtel au triple galop sous des trombes d’eau, et nous arrivons trempés. Nous renonçons définitivement à aller voir les cascades qui se trouvent à une bonne heure de tuk-tuk de Luang Prabang ! Grosse déception, mais c’est comme ça… Pour essuyer notre déception, Maé et moi allons au spa pour tester le fish massage. Après hésitations, nous prenons la formule 30 minutes, mais les 5 premières minutes nous vraiment fait douter. 50 poissons gloutons qui vous boulottent chaque pied, c’est juste insupportable au début, comme l’impression d’avoir des fourmis en version longue, et très franchement le court-métrage aurait suffit. Surtout quand Maé retire ses pieds et que les voraces se ruent sur les miens… On a bien rigolé toutes les deux, et nous sommes ressorties avec des jolis petons tout doux ! Fin de journée à l’abri et dernier dîner ici. Il pleut si fort qu’on s’entend à peine parler !

Aujourd’hui, la pluie a enfin cessé, un peu trop tard, c’est dommage. Nous quittons Luang Prabang pour Vang Vieng en minibus. Les paysages sont encore magnifiques. Aux rizières succèdent les montagnes couvertes de forêt tropicale. De gros nuages vaporeux camouflent encore les sommets, et s’engouffrent dans les vallées. Les fortes pluies des deux derniers jours et probablement aussi la mousson ont laissé des traces : chutes de pierres, coulées de boue, ruisseau au milieu de la route qui s’est transformée en chemin caillouteux… La pente est raide et le chauffeur roule en première poussive, celle qui appelle à l’aide la seconde… Ca va être long ! 
Vang Vieng, la repentie, nous attend. Même si Vang Vieng est apparemment guérie de ses dérives festives, nous ne savons pas trop à quoi s’attendre ici. David va nous chercher une guesthouse abordable, avec une très belle vue sur les massifs karstiques. Il nous faudra passer dans l’eau avec nos coquilles sur le dos avant d’atteindre notre Graal, les pluies diluviennes ayant fait gonfler la rivière. Nous travaillons un peu sur la terrasse en bord de rivière, avant de la retraverser pieds nus pour aller dîner. Je sens les premiers frissons et la gorge qui picote, David commence à tousser, parce que nous avons décidé d’être toujours malades ensemble, pour ne pas perdre trop de temps!

Le lendemain, nous ne sommes pas en forme du tout, mais les ratés de Luang Prabang nous poussent à l’action, sous peine de passer complètement à côté du Laos. Nous louons deux mobs, et nous partons à la découverte des alentours, où se cachent nombre de cascades et de grottes, qui se méritent pour la plupart. Et aujourd’hui, très clairement, nous n’avons pas l’énergie nécessaire à grimper sur un gros rocher pendant une heure.
Nous nous perdons un peu dans la campagne splendide, faisons quelques dérapages pas toujours contrôlés dans la boue épaisse, avant de se poser un moment au Blue Lagoon, un joli lagon turquoise très fréquenté en ce dimanche. Maé prend un petit bain rapide, et nous allons déjeuner dans un endroit paisible, au bord d’un étang que nous partageons avec les poules, les canards et les chats affamés qui sautent sur les tables pour réclamer pitance. Nous hésitons à reprendre la ballade, mais le corps n’y est pas, il demande son reste, et nous le lui donnons.

Pause sieste à l’hôtel, puis dîner au bord de la rivière avec un travesti adorable pour serveuse. Pablo à la cote… Pancakes dans la rue pour les enfants, plutôt des crêpes croustillantes d’ailleurs, confectionnés avec une pâte qu’on étire à la main jusqu’à ce qu’elle devienne très très fine, avant de la cuire sur une grande plaque brûlante. Ils sont si bons que nous reviendrons demain matin pour le petit déjeuner avant de grimper dans le bus qui nous récupère à 10 heures.

Arrivés à Vientiane, on se pose un peu puis on va découvrir la ville à pieds. Nous avons un peu de mal à nous repérer au début, mais nous traversons un petit marché de stands de rue où des Lao jouent à la pétanque. Nous sommes arrivés ensuite dans un petit quartier sympa où nous avons goûter d’un bon café et d’un croissant comme on les aime, un des vestiges de la présence française au Laos, alors nous n’allons pas nous priver! Puis nous sommes allés faire un tour au night market où nous avons acheté un pantalon à Maé avec les jambes décousues mais pas la boutonnière, quand soudain… ben rien, en fait! Nous sommes repassés chercher Pablo pour aller dîner dans un restaurant lao-thaï très bon et au calme…

Aujourd’hui, nous partons tous les deux David et moi faire notre marché du jour, vous le savez maintenant, on adore ça, rien de tel pour s’immerger dans l’ambiance locale. Poissons, tortues, grenouilles, côtoient les fruits et légumes, les poissons et crevettes séchées, et tout plein de trucs inconnus pour nous. Super!
Mais nous réalisons que ce n’était pas le marché initialement prévu, donc nous enchaînons sur un deuxième, un brin moins sympa, puis nous ramenons des croissants aux enfants. Et c’est pas fini…

Plus tard, nous déjeunons dans le coin où nous rencontrons une française expatriée au Laos avec qui nous discutons un long moment. Nous échangeons sur les gens, le pays, on parle du Cambodge aussi, et elle nous fait quelques suggestions. Nous passons le reste de la journée à travailler. Dîner dans une excellente petite adresse. (Lao Kitchen: le lap au canard est à tomber!)
David part très tôt pour une grande marche matinale le long du Mékong et nous ramène de bons croissants. Oui, encore!

Nous partons visiter le Bouddha Park à une petite demie heure de Vientiane, où un Lao un peu fantasque a passé une partie de sa vie à créer des oeuvres bouddhistes et hindouistes en béton, avec la volonté de fusionner les deux religions.

Visite sympa même s’il n’y a rien d’extraordinaire non plus. Puis, visite du Wat That Luang, le temple et son stupa.


Une dame veut nous vendre des « ice kim », occasion pour David de la charrier un peu. Puis nous grimpons sur l’arc de triomphe, le Patuxai, vivier de papillons de nuit, sans aucun intérêt. Nous finissons par le Wat Sisaket, très beau temple où sont conservés des milliers de Bouddhas dans des petites niches. Le temple central est orné de vieilles fresques magnifiques.

En soirée nous allons dîner au Makphet un restaurant membre du réseau Friends, de l’ONG du même nom qui sort des jeunes de la rue pour les former au métier de la restauration et leur assurer un avenir. Le pari est réussi, le repas aussi, et nous retournerons immanquablement dans d’autres restaurants du réseau, puisqu’il y en a plusieurs auu Laos et au Cambodge. Finalement, Vientiane est une ville sans charme particulier mais pas désagréable pour autant. C’est une capitale assez tranquille si on la compare à ses grandes sœurs thaïlandaise, cambodgienne ou vietnamienne.

Aujourd’hui nous prenons le bus pour descendre dans le sud avant de rejoindre le Cambodge par voie terrestre. Nous dormons à Thakek et repartons le lendemain de bonne heure pour Pakse. Un long trajet nous attend, dans un bus vraiment miteux, avec pour clim la porte ouverte et le toit percé, un tableau de bord repeint à la bombe, des housses de sièges béantes et le moteur apparent à l’arrière. Il vaut mieux ne pas trop regarder les détails, et oublier qu’on a pris un bus de jour parce que les bus de nuits ont mauvaise presse… Mais bon, tout se passe bien jusqu’à ce que je tire le rideau pour me protéger du soleil. J’ai réveillé une famille de cafards qui dormaient tranquillement dans les plis du rideau et qui se sont mis à partir dans tous les sens ! J’ai fait le reste du voyage sur une fesse !!

Le lendemain, nous allons découvrir le plateau des Bolavens, ses belles cascades (Tad Fan, Tad Lo, Tad Phaxuam) ses plantations de café, le village de Ban Kok Pung Tai où on fabrique son cercueil de son vivant… ! Les gamines du village accourent de partout pour nous demander tout et n’importe quoi, shampoing, stylo, bananes, dentifrice, et n’hésitent pas à mettre carrément la main dans le sac pour se servir…
Nous donnons ce que nous pouvons, mais cela génère des luttes de pouvoir entre elles… Sur la « place » du village, on vend le cochon qui vient d’être fraichement tué. Nous traversons tout ça avant le sentiment désagréable de ne pas être à notre place, et encore moins bienvenus, malgré nous tentatives de sourires et de discrétion.

Dommage car ce village traditionnel est vraiment beau. Puis nous faisons une pause déjeuner au bord d’une autre très belle cascade.
Des petits Lao se baignent, et la pause est très sympa. Ensuite nous nous arrêtons voir des tisseuses traditionnelles qui fabriquent de jolies pièces avec des perles, et nous finissons par une autre cascade un peu plus fréquentée.


Voilà, le séjour au Laos touche à sa fin sur ces beaux paysages du plateau des Bolavens. Il aura sans doute manqué un peu de contact avec les Lao, de sourire aussi, car la beauté d’un pays ne fait pas tout. Et puis peut être aussi que la fatigue a commencé à se faire sentir ici… Demain, nous décollons pour Siem Reap, au Cambodge.