Nous passons la frontière entre l’Argentine et le Chili, au Paso de Jama, à plus de 4200 m d’altitude, après avoir fait fouiller la voiture et les sacs par la douane chilienne. Nous parcourons les hauts plateaux avec les montagnes à perte de vue, quelques volcans en toile de fond et les premières neiges, encore timides.
La route, comme infinie, est à nous seuls et c’est à peine si nous avons croisé quelques véhicules depuis notre départ de Purmamarca, en Argentine. La végétation a presque complètement disparu et le vent, que plus rien ne freine, est cinglant. Nous longeons les lagunes altiplaniques posées au beau milieu de ces terres inhospitalières et splendides! On s’arrête toutes les 5 minutes pour faire « quelques » photos de ces paysages époustouflants, sous les souffles agacés des enfants…
Nous descendons ainsi, tranquillement, vers San Pedro de Atacama que semble surveiller l’imposant Licancabur, au cône presque parfait. Quelle merveille, ce volcan!
Nous arrivons dans le village poussiéreux de San Pedro de Atacama, en évitant les chiens errants qui se jettent sur les voitures pour faire la course, et nous tournons un bon moment avant de trouver l’hostal.
Nous passons 3 nuits ici, et ce n’est pas de trop tant il y a à voir et à faire dans ce désert magnifique. Il nous faut faire des choix.
Nous consacrons notre première journée aux superbes lagunes. Tebenquiche d’abord, une très belle lagune gorgée de sel, avec cette guirlande de montagnes et de volcans qui cernent le désert d’Atacama. Cette ligne d’horizon, aux confins de la Cordillère est vraiment, vraiment superbe… Et on est tenté de penser que l’absence humaine n’est pas étrangère à la magie des lieux. Les mots manquent pour décrire tant de beauté.
Puis nous rejoignons la lagune Chaxa, plus délicate encore, dans laquelle se reflète l’horizon et les silhouettes des flamands roses, assez rares à cette époque. La nature, dans sa plus pure expression, nous fascine, dans ce silence absolu.
La matinée passe ainsi, au rythme de nos contemplations. Puis, nous laissons les enfants respirer un peu sans nous, à l’hostal, et allons David et moi, et quelques poignées de minibus touristiques, admirer le soleil qui se couche sur la Vallée de la Lune. Le spectacle est grandiose!
La deuxième journée sera un peu plus fun pour les enfants, et sur les bons conseils de nos tourdumondistes rencontrés à Santiago, nous allons passer la matinée sur la dune de la Vallée de la Mort pour une séance de sandboard.
C’est aussi fun qu’épuisant, parce que grimper la dune à plus de 3500 m d’altitude, et sous un soleil de plomb, ça décrasse les poumons, même des plus jeunes… On vous laisse imaginer l’état des vieux… On passe un super moment, dans un décor extraordinaire, avant d’aller de désensabler les portugaises et les baskets…
Puis les enfants restent au bercail, et nos vieux poumons repartent chercher de l’air dans la Vallée de la Lune qui porte bien son nom. Les petites grimpettes sur les sommets qui dominent la vallée finissent de nous achever, mais les panoramas en valent la peine.
Après quelques emplettes dans le village, nous rentrons pour un pique-nique nocturne à l’hostal, avant une bonne nuit de sommeil. Demain, nous entamons notre périple en Bolivie, par 3 jours et 2 nuits dans le sud Lipez et le Salar d’Uyuni, mais ça c’est une autre histoire…
Nous quittons ici le Chili, car nous déciderons finalement de ne pas faire le parc de Lauca dans le nord, à cause de la fatigue générale et de trajets rendus trop compliqués. Nous avons vu ici des paysages fantastiques qu’il est très difficile de décrire, tout autant que le plaisir et l’émotion qu’ils nous ont procuré.
REGARDS SUR LE CHILI
Nous savions que notre arrivée en Amérique du Sud allait marquer un tournant important dans notre rotation autour de la terre. Après tous ces mois en Asie et dans le pacifique, le Chili était la porte d’entrée dans une civilisation proche de la notre, nous permettant de nous ré-acclimater doucement, tant le dépaysement fut total jusqu’ici. Ici, la religion, les modes de vie, l’alimentation, les rites sont directement issus de nos civilisations européennes, espagnoles et portugaises notamment. Alors le dépaysement se fait différent, plus rare, moins surprenant. Ce qui change aussi, c’est le rapport à la sécurité. Bien que nous n’ayons été confronté à aucune forme d’insécurité, les rappels à la prudence des autochtones ont été permanents à Santiago et Valparaiso, et nous ont sans doute incité à rester sur nos gardes… Souris au monde et il te sourira dit-on ! Souriants, sans doute l’étions nous un peu moins… Hormis notre passage sur l’île de Pâques, plus polynésienne que chilienne à notre avis, il faut bien admettre que nous avons été plus vigilants ici, sans tomber dans la paranoïa, même si pour acheter une bouteille de vin, le commerçant vous sert derrière des grilles… C’est vrai que le contraste avec l’Asie se pose là, derrière les barreaux!
Alors il faut s’éloigner de ces grandes villes polluées, stressées et stressantes pour atteindre les grands espaces que le pays nous offre, et là… c’est une bonne claque que l’on reçoit de plein fouet tant les paysages sont magiques, grandioses, magnifiques ; nous n’avons parcouru que le désert d’Atacama et nous avons beaucoup aimé, cela restera sûrement parmi les plus beaux paysages de notre aventure.
Difficile donc d’avoir un avis tranché sur ce pays que nous n’avons fait qu’effleurer, mais nous savons qu’il regorge encore de beautés incroyables qu’un seul voyage ne suffit pas à découvrir, du parc de Lauca au nord à Torres del Paine au sud… Il y a de la place pour plusieurs voyages au Chili. En attendant d’y reposer nos baluchons, la voix de Neruda calmera nos impatiences…
Oh Chile, largo pétalo de mar y vino y nieve, ay cuándo (…) me encontraré contigo…
Ô Chili, long pétale d’océan, de vin et de neige, ah! quand (…) viendra l’heure des retrouvailles…
P. NERUDA
Et comme d’habitude à la fin de chaque pays, une petit résumé en images et musique…