Regards sur la Birmanie

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Quelle lourde tâche pour ce petit pays de passer après l’Inde dans notre périple ! Tâche d’autant plus lourde que nous n’avions pas fini de « digérer » notre aventure indienne qui nous a profondément marqué. L’arrivée à Yangon n’ayant rien d’exceptionnel, ça n’a pas facilité l’adaptation, Et il nous a fallu quelques jours pour retrouver nos marques.

Et puis, petit à petit, sur les plages du golfe du Bengale en particulier, nous avons commencé à aimer de plus en plus ce pays et les gens que nous avons rencontrés. Puis, à mi-parcours, les attentats parisiens nous ont évidemment plombé le moral mais le trek nous a permis de retrouver l’esprit du voyage.

Ce que nous avons aimé :

– Le peuple : spontanément accueillant, souriant, serviable, et extrêmement gentil. Quel bonheur d’aller à la rencontre de ces gens qui n’ont rien et qui donnent tant ! Notre accueil chez les Pa’O durant notre trek restera longtemps dans notre mémoire.

– Les paysages : ils sont superbes, souvent vierges dans une végétation luxuriante. Bagan, le golfe du Bengale, le lac Inle sont des sites que nous avons adorés. Les villages traditionnels et leurs maisons de bambou sont un total dépaysement.

– La culture : essentiellement basée sur le bouddhisme, nous avons surtout aimé Bagan et nos ballades en 2 roues au beau milieu des temples…Superbe ! Quant aux pagodes, une ça va, deux ça va et puis… enfin ça va quoi !

– Les expressions : « Just lookin » ! « C’est choli, c’est pas cher et c’est pas moi qui l’a fait, c’est local » !!! « Where you come from ? » « Ah ! bonchour comment ça va ? »

– La nourriture birmane est pas mal et proche de la cuisine Thaï sans être aussi bonne. Nous avons donc bien mangé à peu près partout, mais avons aussi beaucoup mangé Thaïlandais compte tenu de sa popularité dans le pays. Pour les spécialités, il faut quand même essayer la salade de feuilles de thé…

Ce qui nous a moins plu :

  • Les transports : chaque déplacement est une épreuve qui ne dure pas moins de 6 heures sur des routes défoncées, en réparation ou en préparation… A noter beaucoup de femmes réparent les routes en portant et concassant les pierres jusqu’à en faire du gravier qui sera ensuite damer par une machine, conduite elle…par un homme bien sûr !
  • La langue : la pratique de l’anglais est assez bonne sur les grands sites touristiques tels que Bagan ou Inle. En revanche lorsque l’on s’en écarte un peu, il faudrait parler le Birmanglais… et ça, on sait pas ! Nous, on maitrise mieux le franglais. Comme dirait Maé : « S’il vous please ! » Les contacts sont donc souvent succincts.

En conclusion, on a beaucoup aimé le Myanmar avec la chance de le découvrir avant qu’il ne sacrifie totalement ses trésors et son peuple au tourisme de masse. Les enfants ont bien sur préféré la plage et Bagan et le plaisir de faire de la moto en toute liberté et sans casque… puisque de toute façon, les loueurs n’en proposent pas !

Enfin, nous espérons que d’ici 3 mois, les rues du pays s’animeront pour fêter la victoire d’Aung San Suu Khi largement élue lors des dernières élections et que ces célébrations ne seront pas réprimées dans le sang. A ce propos, nous n’avons pas parlé de sa victoire car s’est passé complètement inaperçu ici. Nous avons dû demander pour connaître le résultat plus d’une semaine après le vote. Il lui faudra plusieurs mois pour constituer un gouvernement, et le pays ne célèbrera sa victoire qu’à ce moment-là. On ne sait jamais, et n’oublions pas que les militaires disposent de 25 % des sièges parlementaires, de toute éternité ! Voilà enfin une petite lueur d’espoir pour ce peuple qui souffre depuis si longtemps. Ce que nous avons ressenti en tout cas c’est que le passé douloureux de ce peuple adorable explique sûrement pour beaucoup leur discrétion excessive qui ne facilite pas toujours les échanges…

Mais tout ça est déjà derrière nous, au moment où nous écrivons ces lignes nous avons déjà prix un avion, 2 taxis, 2 tuk-tuk, 2 bateaux et passé 2 frontières pour arriver au Laos… Et c’est pas fini

En attendant la suite de notre Wonderful Worldwide Tribe Trip, voilà une petite vidéo de ces trois semaines passées au Myanmar.

Et continuez à nous envoyer vos petits messages et commentaires…je crois qu’on aime bien ça, à nous aussi ça fait du bien !

De Bagan à Mandalay (10 jours)

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Le moment est venu de quitter Bagan, où nous avons fait le plein de jolis souvenirs.

        Le minibus vient nous chercher pour nous conduire jusqu’à Kalaw. La route est belle, montagneuse, tapissée d’une forêt impénétrable d’où dégoulinent d’immenses lianes emmêlées. En chemin, on croise tout juste quelques petits villages de bambou. Les heures s’égrainent doucement au rythme du paysage qui défile sous nos yeux. Nous arrivons à Kalaw en début d’après-midi. A 1300 mètres d’altitude, il fait bien plus frais. On se met au travail car on a pris beaucoup de retard et il faut envoyer les devoirs avant de partir en trek.

Entre Kalaw et Inle

       Nous partons avec un jeune couple de Belges, et notre guide Wei Wei, une jeune birmane de 20 ans, qui fera définitivement partie des belles rencontres de ce voyage. En chemin, nous découvrons la campagne birmane, les champs de colza ou de maïs, les plantations de gingembre ou de riz des montagnes, le piment qui sèche au soleil. Les collines sont recouvertes d’un patchwork aux couleurs du Myanmar : rouge, jaune, vert. Wei WeiWei Wei nous apprend plein de petites choses sur les plantes médicinales : l’une qui traite les saignements, l’autre les piqûres, celle-ci est efficace contre le diabète ou encore celle-là avec laquelle on fait des bulles en soufflant entre les fibres de la tige cassée…Nous nous arrêtons dans un village Pa’O, une des minorités ethniques qui vivent dans ces montagnes. Nous déjeunons dans une grande maison en teck où Piu, notre cuistot attitré pour le trek, nous a précédé pour nous concocter un bon repas copieux : bouillon aux herbes, nouilles sautées, salade d’avocats, salade de tomates et cacahuètes, oranges, clémentines, etc… Nous mangeons tous les 6, assis en tailleur autour de la table basse, avant de fermer nos yeux pour une heure de pause avant de reprendre la marche.

Entre Kalaw et Inle

       Nous traversons ensuite de petits villages, assistons à la grande fête des donations qui a lieu dans tout le pays pendant plusieurs jours. Ici, toute la communauté s’est réunie près du monastère, chacun a revêtu son habit traditionnel noir, et les femmes ont arrangé leur turban de la plus belle des manières. Pendant plusieurs jours, les gens apportent de la nourriture, des couvertures, des ustensiles et même de la lessive, bref, tout ce qui peut être utile aux moines. Puis, ces donations sont rangées, suspendues à des panneaux mobiles qui sont ensuite apportés en procession et en musique au monastère. Wei Wei nous offre des tronçons de bambou remplis d’une pâte de riz gluant sucrée : extra ! La marche continue de montagnes en vallées, de forêts de bambous en rizières. IMG_2485Nous croisons trois petites en chemin qui récupèrent nos bouteilles en plastique pour les rapporter au village. Wei Wei nous explique que par ici, les enfants ne vont qu’à l’école primaire pour apprendre à lire et à compter, puis ils vont travailler la terre, comme le reste de la famille. En attendant, elles sont chargées d’aller chercher l’eau à la rivière. Nous arrivons enfin au village où nous passerons la nuit. C’est un petit village hors du temps, où vivent 500 âmes, fait de maisons de bambou et de chemins poussiéreux.

IMG_2495Devant chaque bicoque ou presque, une charrette à bœufs tout en bois pour le travail de la terre. Ici on cultive surtout la pomme de terre, le piment et le maïs. Nous faisons la connaissance de Nala, notre hôte, avec qui nous échangeons nos prénoms et quelques sourires. Nous nous installons à l’étage de cette maison en teck et en bambou, dans la pièce principale. Nos matelas sont déjà installés au fond.

IMG_2520 Nous faisons un petit tour du village : les hommes et les femmes se lavent près de leur réserve d’eau, les enfants s’amusent en poussant un pneu avec un bâton ou font de  la luge sur une couronne de paille de riz… certains villageois terminent quelques briques, d’autres font sécher le maïs. Le soleil tombant, nous faisons quelques parties de cartes avec Wei Wei puis le repas-très généreux- est servi. Ensuite, Nala nous rejoint et nous essayons d’échanger un peu avec Wei Wei pour interprète. Eclairée par une barre de Led alimentée par un panneau solaire distribué gratuitement par la junte (bien plus efficace que n’importe quelle campagne électorale…), la pièce est plongée dans l’obscurité. Puis arrive Ulaw, le mari de Nala, qui rentre de la ville où il est allé vendre ses récoltes. Nous passons un super moment avec lui, il est drôle, baragouine quelques mots de français, et nous essayons d’en faire autant dans son langage. UlawNala et Ulaw ne savent ni lire ni écrire, ils vivent de la terre et leur trois grandes filles suivront le même chemin même si elles, savent lire et écrire. On nait, on vit, on meurt au village… Nous passons une soirée merveilleuse, puis à 21h, tout le monde s’endort pour une nuit douloureuse et froide. Vers 4h du matin, Piu allume le feu dans la pièce d’à côté pour préparer le petit déjeuner. Je suis réveillée par l’odeur de fumée, l’air est vite irrespirable. Finalement, tout le monde revient à la vie, et le petit déjeuner Deluxe est servi. On se contente d’un brossage de dents dans la cour, Wei Wei me met du thanakha sur les joues, nous faisons quelques photos avec Nala et Ulaw avant de les quitter, un brin nostalgiques.

Entre Kalaw et Inle

IMG_2535       Nous voilà repartis dans les vallées brumeuses pour 5 heures de marche, les jambes et les pieds encore douloureux de la veille. Puis très vite la brume matinale laisse place à un soleil de plomb. Enfin, le lac se dessine au loin. Après une pause déjeuner plus qu’appréciée, une pirogue nous dépose à Naungshwe après 45 minutes de traversée.

IMG_2608 Que c’est beau : toutes ces maisons en bois sur pilotis, les jardins flottants où on cultive des légumes qui partiront dans tout le reste du pays, les montagnes tout autour et leur camaïeu de cultures, le ciel azur… C’est magique d’arriver ici de cette manière ! Fin de journée tranquille avant de découvrir le lac Inle plus en profondeur demain.

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       Le bateau taxi nous attend à 8h30 pour une virée jusqu’à 16h. Nous commençons par le marché de Maing Tawk, où il se vend beaucoup moins de produits frais que de souvenirs en tout genre. Mais l’artisanat local est plutôt intéressant, et c’est parti pour une séance de marchandage.

Lac InlePour le reste du programme, visite de ferronnerie, d’ateliers d’orfèvrerie, de tissage, de fabrique de cheeroots. Puis nous traversons les jardins flottants, avant de terminer par la visite du monastère Nga Phe Chaung construit sur pilotis, tout en teck. Vieux de 150 ans, il est magnifique ! Puis nous regagnons la terre ferme, pour une soirée calme.

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Début de journée tranquille, puis un peu de travail avant d’aller à Taunggyi pour la grande fête des ballons. C’est en fait le point d’orgue du festival des donations. A une heure du lac Inle, dans la montagne, un immense festival est organisé, aux allures de Foire du Trône, mais puissance 4. Pas beaucoup de manèges, mais des centaines de stands de toutes sortes, genre « lancé de balles en mousse sur des canettes de coca », de la musique hurlante et une foule si dense qu’il a fallu s’en extirper à plusieurs reprises, en s’abritant chez le premier vendeur de bonnets venu… Attention aux mouvements de foule ! Finalement, on a choisi de se poser à une table pour boire un verre et manger un bout, en attendant le décollage des ballons, truffés de feux de Bengale, tirés vers le sol et donc très dangereux ! Finalement, nous verrons décoller 3-4 ballons décorés de sponsors luminescents sans grand intérêt (mais ce n’est que notre avis…). Il faut imaginer un immense terrain pouvant accueillir des manèges, des stands, plus de 200000 personnes au pifomètre, des gens entassés par terre sur des nattes qui viennent de tout le Myanmar pour assister à cette fête. Nous ne parlerons que rapidement des toilettes qui n’ont pour seul mérite que celui d’exister, mais en faire silence reviendrait à ne relater qu’une partie des évènements, et on ne peut pas vous faire ça 😉 . Pour ne pas heurter les plus sensibles, nous vous dirons seulement que l’utilisation de chaux vive y est largement répandue, mais pas toujours efficace… Bref, nous repartons déçus, groggy, un peu barbouillés par cette dernière et étrange soirée à Inle.

IMG_2775Mandalay nous attend après une journée de route. Le lendemain, nous partons pour la journée visiter les 4 anciennes cités royales, situées autour de Mandalay, que sont Amarapura, Mingun, Sagaing, et Inwa, Mandalay ayant été la dernière des capitales royales. En attendant l’heure du déjeuner des moines auquel nous voulons assister, nous passons rapidement voir un atelier-boutique de sculpture sur bois, puis les frappeurs d’or, qui tapent à longueur de journée, avec des masses de 3 kilos, sur des clapets qui renferment les feuille d’or, jusqu’à obtenir une finesse d’ 1 :10ème de millimètre, avant de servir à recouvrir les Bouddhas du pays. Ensuite, nous allons découvrir la pagode Mahamuni à Mandalay, dont le Bouddha est littéralement boursouflé sous les monceaux de feuilles d’or qui recouvrent son corps, mais seuls les hommes ont le privilège d’aller en déposer. La pagode est belle et la visite agréable. IMG_2758Puis nous rejoignons Amarapura et le monastère Mahagandhayon, pour assister au petit déjeuner des moines, qui prennent leur unique repas de la journée à 10h15. Il y a 1700 moines dans ce monastère, et les voir défiler dans le calme absolu pour aller s’asseoir avec leur timbale remplie de nourriture dans l’immense réfectoire est assez émouvant. Tous ces hommes et enfants, tout vêtus de rouge, inspirent le respect et dégagent une sérénité bienfaisante. Mais le flot de touristes, dont nous faisons partie, gâche un peu la magie du rituel, et nous ne nous sentons pas complètement à notre place. Mingun Nous rejoignons Mingun, où nous grimpons sur l’immense pagode inachevée qui aurait dû trôner sur les rives de l’Irrawaddy à plus de 150 mètres de haut, mais du haut de ses 50 mètres, elle offre déjà un très beau panorama sur ce fleuve enchanteur. Puis, pas loin de là, nous allons voir la grande cloche de Mingun. SagaingNous rejoignons ensuite Sagaing, sa pagode U Ponya et son beau panorama sur toute la vallée de l’Irrawaddy et les collines alentours. Ensuite, nous prenons un petit bateau pour traverser un petit affluent du fleuve, avant de débarquer à Inwa, qui a remporté nos faveurs! Nous grimpons dans nos calèches bringuebalantes, pour découvrir ce très beau village hors du temps.

IMG_2813 Inwa (Maha Aung)Nous visitons deux monastères de styles très différents, Maha Aung, construit en dur, mais très joli à cette heure où le soleil lui donne des teintes ocre jaune, et Bagaya, tout en teck sculpté, vraiment magnifique, où vit un seul moine qui donne quelques cours à des enfants défavorisés.

Inwa (Monastère Bagaya)Le monastère a près de 180 ans, et sous les craquements du bois, on sent planer la spiritualité… Nos calèches nous ramènent vers l’embarcadère, en traversant ce si beau village qui semble être resté à l’écart du monde. Puis nous repassons par Amarapura pour aller découvrir le pont U Bein, tout en teck, merveilleux au coucher de soleil, même si là encore, le tourisme a fait une entrée fracassante…Pont U bein

       Pour notre dernière journée à Mandalay, nous visitons l’ancien Palais Royal, détruit pendant la dernière guerre mondiale et reconstruit à l’identique.  Palais Royal  Puis, nous allons voir la maison du Roi Mindon devenue monastère. Tout en teck, c’est encore une merveille que nous prenons le temps de découvrir.Maison du Roi Mindon

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IMG_2931Ensuite, nous allons à l’étonnante pagode Kuthodaw où plus de 700 petits stupas abritent autant de stèles sur lesquelles est gravé le canon bouddhique dans son intégralité. C’est assez impressionnant ! Pour finir la journée, nous allons sur la colline de Mandalay, point de vue incontournable (et pas contourné d’ailleurs…) sur la ville au soleil couchant. IMG_2943C’est sur ces belles images que s’achève notre escale birmane. Le temps est passé bien vite ici, et même si nous sommes heureux de poursuivre notre chemin vers l’inconnu, le Myanmar nous a offert de vrais moments de bonheur, et nous gardons dans un coin de notre tête qu’il recèle encore bien des trésors à découvrir.

        Demain, nous rejoindrons Tachileik en avion, à la frontière thaïlandaise, puis nous passerons la nuit à Mae Sai, côté thaï, avant de rejoindre Chiang Kong en taxi, point de passage vers Huay Xai, au Laos. Nous passerons 4 postes frontières sans encombre (sortie Birmanie, entrée Thaïlande, sortie Thaïlande, entrée Laos) avant de nouvelles escapades laotiennes, mais ça, c’est une autre histoire… !

Myanmar: de Yangon à Bagan (13 jours)

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        Après une journée de transport pour rejoindre Yangon via Bangkok, nous avons pris un taxi pour rejoindre notre hôtel miteux. Mr Ayé Ko, le chauffeur de taxi, nous propose ses services pour nous faire visiter Yangon le lendemain. La chaleur est étouffante, on dégouline… Nous visitons d’abord la pagode Botataung dans laquelle se trouverait un cheveu de Bouddha. Sous le stupa doré, d’étroits couloirs se succèdent, aux coins desquels des fidèles se prosternent pour prier. Partout, des boîtes transparentes laissent apparaître des monceaux de billets déposés par les visiteurs. Il paraît que les Birmans donnent en moyenne 30% de leurs maigres revenus aux temples. Et puis, il y a cette petite pièce vitrée, qui abrite le cheveu de Bouddha, devant laquelle les Birmans s’agenouillent pour méditer quelques instants, les yeux fermés, les maintes jointes, en récitant à voix basse leur prière. Le taxi nous emmène ensuite à quelques dizaines de kilomètres de Yangon, voir une pagode construite sur un îlot, au milieu de la rivière. Nous prenons un petit bateau pour atteindre la pagode. C’est agréable, sans plus. Mais la visite a le mérite de nous donner un premier aperçu de la nature birmane, exubérante.Flotting Pagoda

Tout au long du trajet, nous découvrons les maisons sur pilotis, construites en bambou tressé et en feuilles de palmier, où la vie familiale s’organise dans une seule et même pièce, ouverte sur l’extérieur. Sur les motos, on monte à deux ou trois, parfois avec le dernier né de quelques mois. Les femmes, le visage recouvert de thanakha (une pâte blanchâtre obtenue à partir de l’écorce de l’arbre à thanakha, qui protège du soleil), montent en amazone, leurs longs cheveux d’ébène au vent. Partout, de petites gargotes où les gens s’attablent, au bord de la route. Nous voilà au Myanmar, et c’est le moment pour nous de tout réapprendre : une nouvelle langue, une nouvelle monnaie, d’autres habitudes de vie, un nouveau rapport au temps…

Retour à Yangon où nous allons visiter le musée des pierres précieuses, le sol birman étant un des plus riches du monde en pierre précieuses et semi-précieuses. Elles y sont presque toutes présentes.

Après une pause déjeuner, Ayé Ko nous emmène faire un tour au marché Bogyoke, un marché couvert où on trouve un peu de tout : artisanat, pierres précieuses, laques, vêtements… Mais en ce jour d’élections, si important puisque ce sont les premières élections libres depuis 1990, de nombreuses boutiques sont restées fermées. Le ciel devient sombre. Nous rentrons à l’hôtel juste avant que des pluies diluviennes s’abattent sur la ville.

          Pagode Shwedagon Pagode Shwedagon Aujourd’hui, la grande pagode Shwedagon nous attend. Il fait une chaleur étouffante. Le sol brûle nos pieds nus, dès que nous ne marchons pas sur les grandes dalles blanches. L’immense stupa recouvert de feuilles d’or se dresse au milieu du temple, majestueux. Frappé par le soleil, il brille tant et plus qu’on a du mal à le regarder sans être ébloui. Tout autour, de petits temples et autres petites pagodes, tout aussi dorés, des effigies de Bouddha de toutes tailles, arborant toujours son imperceptible sourire de plénitude. Des offrandes, bananes, noix de coco, fleurs fraîches, sont déposées un peu partout. Visite éblouissante.

Pagode Shwedagon

Nous nous faisons déposer en taxi près de la pagode Sule, puis nous errons dans les rues de Downtown. Dans les ruelles aux façades décrépites, nous nous immisçons dans la vie locale. Partout le sol est maculé de tâches rougeâtres, stigmate omniprésent des crachats de bétel. Ici, on chique beaucoup, et on crache tout autant… Les sourires abîmés, et les dents noircies par la chique en sont le criant témoin ! Yangon DowntownNous traversons un marché local, où l’on trouve un peu de tout…Il faut toujours aussi chaud, nous sommes en nage. Nous continuons notre marche après une pause déjeuner, puis passons dans une agence de voyage pour prendre nos billets d’avion afin de relier Mandalay et Tachilek (à la frontière thaïlandaise) pour de rejoindre le Laos, cette zone étant interdite au tourisme. Le ciel devient noir, comme la veille ; nous rentrons à l’hôtel avant le déluge, pour une fin d’après-midi studieuse.

 IMG_1857            Ayé Ko vient nous chercher à 4h30 du matin, pour nous emmener à la gare routière, située à 1h00 de Yangon. Les rues s’animent déjà, les échoppes accueillent leurs premiers clients, les gens s’entassent dans les pick-up déjà bondés. Nous traversons le marché aux poissons, en circulant au pas comme pour mieux voir le va-et-vient des camelots déchargeant leurs grands paniers tressés débordants de poissons, dans la nuit éclairée aux néons. Nous prenons notre bus climatisé, enfin… à l’origine, pour un périple de 7 heures entre Yangon et Chaunghtha Beach, sur la côte ouest. Au départ, le bus était plein, puis il a continué à se remplir au fil du trajet. Dans l’allée centrale, on installe les derniers passagers sur de petits tabourets en plastique, le contrôleur circule dans le bus en grimpant pieds-nus sur les accoudoirs pour aller chercher son dû ! Nous savions que les transports étaient compliqués au Myanmar, et nous en prenons maintenant toute la mesure. La route est belle malgré tout, et la végétation incroyable.Chaunghtha Beach

Nous arrivons enfin à Chaunghtha en début d’après midi, où un gars de l’hôtel nous attend. Nous voyons débouler 4 scooters sur lesquels nos sacs sont chargés aux pieds des conducteurs, et chacun de nous à l’arrière. Regards étonnés et joyeux des enfants… Nous rejoignons l’hôtel cheveux au vent ! Nous découvrons nos adorables bungalows plantés au milieu des bananiers, et nous filons à pied à la plage en contrebas. Elle est immense et surtout déserte ! L’eau est vraiment chaude et nous nous éclatons dans les vagues pendant un long moment. Les enfants rient à gorge déployée, ils sont au paradis. Quel bonheur de les voir aussi heureux… David et moi marchons un peu jusqu’au stupa au bout de la plage. Ca va être vraiment chouette de se pauser quelques jours ici.

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            Le lendemain, nous louons des scooters pour aller découvrir une autre plage, celle de Ngwe Saung. Nous traversons les rues de Chaunghtha, puis nous nous enfonçons dans les petits villages, où nous voyons les gens vivre, simplement. Nous passons des routes à des chemins de terre, nous roulons sur les plages désertes, repassons des chemins bordés de cocotiers, de maisons en bambou. Que c’est beau ! Puis nous arrivons au premier point de traversée, car c’est ici, dans la région des deltas, que se jette l’Irrawady, en une multitude de cours d’eau. Arrivés dans petit village de pêcheurs, nous attendons le bateau qui nous fera traverser. Pendant ce temps, autour de nous, on travaille le bambou, on le coupe, on l’assouplit, en fumant un cheeroot.

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Le bateau arrive, et il faut charger toutes les motos, une dizaine, en roulant sur une étroite passerelle en bois. Les motos disposées dans le sens de la descente, les passagers se calent là où ils peuvent. Puis nous traversons le premier cours d’eau, au milieu des regards, des sourires, de la vie birmane. Arrivés de l’autre côté, nous roulons sur de superbes plages totalement désertes. Seuls les crabes rouges traversent dangereusement devant nous… Parfois il faut quitter la plage et contourner par de petits chemins sablonneux, à l’ombre de la végétation tropicale. Nous sommes émerveillés. Après avoir passé deux autres cours d’eau sur de petits bateaux en bois ne pouvant accueillir que 5 motos, et appris aux enfants à conduire sur la plage (vous imaginez la banane ;-)), nous arrivons à Ngwe Saung. La plage est vraiment splendide, même si le village a vu poussé bien trop de resorts, ce qui sera sûrement la grande problématique de toute la côte birmane dans les années à venir… Nous sirotons une eau de noix de coco, avant de se jeter à l’eau et de s’éclater dans les rouleaux.

Ngwe Saung

Mais il faut déjà repartir, les bateaux ne traversent que jusqu’à 17h30. Nous faisons le chemin inverse, la mer s’est encore retirée davantage, et par endroit, la mangrove laisse apparaître ses racines tentaculaires. Au retour, la marée basse nous permet de traverser toute la plage de Chaunghtha, très populaire. Les birmans jouent au ballon, se baladent à cheval ou à zèbre (si, si, ils ont domestiqué des zèbres qui semblent être croisés avec des chevaux, c’est très beaux, on a pas de photos, c’est dommage…). Nous longeons les maisons qui ont les pieds au sec à cette heure-ci, en se délectant de ses moments merveilleux. Nous rentrons à l’hôtel heureux de cette excellente journée, la peau rougie par le soleil et des souvenirs plein la tête.

            Les deux jours suivants, nous restons dans les environs de l’hôtel, calmes et peu fréquentés, pour simplement profiter de la plage et de cette tranquillité, sans wifi, sans électricité en journée, nous sommes en pleine digital detox… ! Nous faisons connaissance de Géraldine et Victoire, deux jeunes françaises, qui viennent de terminer leurs études et font un voyage de 3 mois avant de se mettre en quête de travail. Quelle jolie rencontre ! Nous échangeons quelques infos sur le Myanmar et l’Indonésie, avant que nos chemins prennent des directions différentes : Bagan pour nous, la Nouvelle–Zélande pour elles. Bon voyage, les filles, profitez à fond et prenez soin de vous. Vous nous raconterez, hein ?

                Puis nous quittons Chaughtha à 4h30 du matin, pour 2 heures de taxi, et 7 heures de mini bus… Nous arrivons à Pyay, ville étape jusqu’à Bagan, fourbus, tout ankylosés. Nous retrouvons le wifi, et très vite Maé nous apprend qu’il s’est passé quelque chose de très grave à Paris ce vendredi 13 novembre 2015. Nous découvrons l’horreur peu à peu, au rythme d’un wifi capricieux et sporadique. Les infos nous parviennent au compte-goutte, en désordre, et il nous faudra plusieurs jours pour prendre toute la mesure de ces évènements atroces. Nous pensons à toutes ces innocentes victimes et à leur famille, à vous tous, à la France toute entière qui coule dans nos veines, en espérant que la meilleure réponse reste le bonheur, la liberté, la vie… Tout ces récits de voyage paraissent bien dérisoires maintenant, mais je me dis qu’ils vont permettront peut-être de vous évader un peu… Et rien que pour ça, ça vaut le coup de continuer !

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          Nous voilà repartis pour Bagan, la vallée aux 2OOO temples. Le trajet est encore compliqué dans un bus soit disant de nuit. En fait ce bus de nuit-là, il arrive la nuit, à 2h30 du matin… Remarque, oui, vu comme ça, ça marche aussi, « bus de nuit ». Pendant le trajet, nous avons droit à une bonne série B de type Hélène et les garçons, façon birmane. Ca occupe… Réveillés en sursaut au milieu de nulle part, il faut finir la nuit dans le lobby de l’hôtel, jusqu’à 6 heures du matin… Plus aurait relevé de l’exploit yogi !

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Comme les chambres ne sont prêtes qu’à 14 heures, nous louons deux mobs électriques et nous partons arpenter les routes et les chemins de Bagan, en se perdant dans le labyrinthe des temples anciens. Pendant 4 jours, nous nous régalons de ces ballades, du lever de soleil, lorsque des dizaines de montgolfières s’élèvent doucement au-dessus des temples et viennent moucheter le ciel, au coucher de soleil sur le fleuve Irrawadi, lorsque les temples prennent leur couleur orangé. 4 jours à découvrir les pagodes avec l’instinct pour seule boussole, à se laisser surprendre par d’immenses Bouddha gracieux, à admirer les fresques délavées par le temps ou reproduites par passion. IMG_2263 IMG_2218 4 jours pour découvrir le travail minutieux de la laque, pour arpenter le marché et en prendre plein les sens, pour aller à la rencontre des rouleuses de cheeroots, avec toujours le sourire en partage. Ici, la douceur plane comme un voile qui enrobe toute chose, et ça fait du bien ! Prenez-en encore un peu…

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