De Bagan à Mandalay (10 jours)

IMG_2670

Le moment est venu de quitter Bagan, où nous avons fait le plein de jolis souvenirs.

        Le minibus vient nous chercher pour nous conduire jusqu’à Kalaw. La route est belle, montagneuse, tapissée d’une forêt impénétrable d’où dégoulinent d’immenses lianes emmêlées. En chemin, on croise tout juste quelques petits villages de bambou. Les heures s’égrainent doucement au rythme du paysage qui défile sous nos yeux. Nous arrivons à Kalaw en début d’après-midi. A 1300 mètres d’altitude, il fait bien plus frais. On se met au travail car on a pris beaucoup de retard et il faut envoyer les devoirs avant de partir en trek.

Entre Kalaw et Inle

       Nous partons avec un jeune couple de Belges, et notre guide Wei Wei, une jeune birmane de 20 ans, qui fera définitivement partie des belles rencontres de ce voyage. En chemin, nous découvrons la campagne birmane, les champs de colza ou de maïs, les plantations de gingembre ou de riz des montagnes, le piment qui sèche au soleil. Les collines sont recouvertes d’un patchwork aux couleurs du Myanmar : rouge, jaune, vert. Wei WeiWei Wei nous apprend plein de petites choses sur les plantes médicinales : l’une qui traite les saignements, l’autre les piqûres, celle-ci est efficace contre le diabète ou encore celle-là avec laquelle on fait des bulles en soufflant entre les fibres de la tige cassée…Nous nous arrêtons dans un village Pa’O, une des minorités ethniques qui vivent dans ces montagnes. Nous déjeunons dans une grande maison en teck où Piu, notre cuistot attitré pour le trek, nous a précédé pour nous concocter un bon repas copieux : bouillon aux herbes, nouilles sautées, salade d’avocats, salade de tomates et cacahuètes, oranges, clémentines, etc… Nous mangeons tous les 6, assis en tailleur autour de la table basse, avant de fermer nos yeux pour une heure de pause avant de reprendre la marche.

Entre Kalaw et Inle

       Nous traversons ensuite de petits villages, assistons à la grande fête des donations qui a lieu dans tout le pays pendant plusieurs jours. Ici, toute la communauté s’est réunie près du monastère, chacun a revêtu son habit traditionnel noir, et les femmes ont arrangé leur turban de la plus belle des manières. Pendant plusieurs jours, les gens apportent de la nourriture, des couvertures, des ustensiles et même de la lessive, bref, tout ce qui peut être utile aux moines. Puis, ces donations sont rangées, suspendues à des panneaux mobiles qui sont ensuite apportés en procession et en musique au monastère. Wei Wei nous offre des tronçons de bambou remplis d’une pâte de riz gluant sucrée : extra ! La marche continue de montagnes en vallées, de forêts de bambous en rizières. IMG_2485Nous croisons trois petites en chemin qui récupèrent nos bouteilles en plastique pour les rapporter au village. Wei Wei nous explique que par ici, les enfants ne vont qu’à l’école primaire pour apprendre à lire et à compter, puis ils vont travailler la terre, comme le reste de la famille. En attendant, elles sont chargées d’aller chercher l’eau à la rivière. Nous arrivons enfin au village où nous passerons la nuit. C’est un petit village hors du temps, où vivent 500 âmes, fait de maisons de bambou et de chemins poussiéreux.

IMG_2495Devant chaque bicoque ou presque, une charrette à bœufs tout en bois pour le travail de la terre. Ici on cultive surtout la pomme de terre, le piment et le maïs. Nous faisons la connaissance de Nala, notre hôte, avec qui nous échangeons nos prénoms et quelques sourires. Nous nous installons à l’étage de cette maison en teck et en bambou, dans la pièce principale. Nos matelas sont déjà installés au fond.

IMG_2520 Nous faisons un petit tour du village : les hommes et les femmes se lavent près de leur réserve d’eau, les enfants s’amusent en poussant un pneu avec un bâton ou font de  la luge sur une couronne de paille de riz… certains villageois terminent quelques briques, d’autres font sécher le maïs. Le soleil tombant, nous faisons quelques parties de cartes avec Wei Wei puis le repas-très généreux- est servi. Ensuite, Nala nous rejoint et nous essayons d’échanger un peu avec Wei Wei pour interprète. Eclairée par une barre de Led alimentée par un panneau solaire distribué gratuitement par la junte (bien plus efficace que n’importe quelle campagne électorale…), la pièce est plongée dans l’obscurité. Puis arrive Ulaw, le mari de Nala, qui rentre de la ville où il est allé vendre ses récoltes. Nous passons un super moment avec lui, il est drôle, baragouine quelques mots de français, et nous essayons d’en faire autant dans son langage. UlawNala et Ulaw ne savent ni lire ni écrire, ils vivent de la terre et leur trois grandes filles suivront le même chemin même si elles, savent lire et écrire. On nait, on vit, on meurt au village… Nous passons une soirée merveilleuse, puis à 21h, tout le monde s’endort pour une nuit douloureuse et froide. Vers 4h du matin, Piu allume le feu dans la pièce d’à côté pour préparer le petit déjeuner. Je suis réveillée par l’odeur de fumée, l’air est vite irrespirable. Finalement, tout le monde revient à la vie, et le petit déjeuner Deluxe est servi. On se contente d’un brossage de dents dans la cour, Wei Wei me met du thanakha sur les joues, nous faisons quelques photos avec Nala et Ulaw avant de les quitter, un brin nostalgiques.

Entre Kalaw et Inle

IMG_2535       Nous voilà repartis dans les vallées brumeuses pour 5 heures de marche, les jambes et les pieds encore douloureux de la veille. Puis très vite la brume matinale laisse place à un soleil de plomb. Enfin, le lac se dessine au loin. Après une pause déjeuner plus qu’appréciée, une pirogue nous dépose à Naungshwe après 45 minutes de traversée.

IMG_2608 Que c’est beau : toutes ces maisons en bois sur pilotis, les jardins flottants où on cultive des légumes qui partiront dans tout le reste du pays, les montagnes tout autour et leur camaïeu de cultures, le ciel azur… C’est magique d’arriver ici de cette manière ! Fin de journée tranquille avant de découvrir le lac Inle plus en profondeur demain.

FishermanIMG_2683

       Le bateau taxi nous attend à 8h30 pour une virée jusqu’à 16h. Nous commençons par le marché de Maing Tawk, où il se vend beaucoup moins de produits frais que de souvenirs en tout genre. Mais l’artisanat local est plutôt intéressant, et c’est parti pour une séance de marchandage.

Lac InlePour le reste du programme, visite de ferronnerie, d’ateliers d’orfèvrerie, de tissage, de fabrique de cheeroots. Puis nous traversons les jardins flottants, avant de terminer par la visite du monastère Nga Phe Chaung construit sur pilotis, tout en teck. Vieux de 150 ans, il est magnifique ! Puis nous regagnons la terre ferme, pour une soirée calme.

IMG_2638 IMG_2628

Début de journée tranquille, puis un peu de travail avant d’aller à Taunggyi pour la grande fête des ballons. C’est en fait le point d’orgue du festival des donations. A une heure du lac Inle, dans la montagne, un immense festival est organisé, aux allures de Foire du Trône, mais puissance 4. Pas beaucoup de manèges, mais des centaines de stands de toutes sortes, genre « lancé de balles en mousse sur des canettes de coca », de la musique hurlante et une foule si dense qu’il a fallu s’en extirper à plusieurs reprises, en s’abritant chez le premier vendeur de bonnets venu… Attention aux mouvements de foule ! Finalement, on a choisi de se poser à une table pour boire un verre et manger un bout, en attendant le décollage des ballons, truffés de feux de Bengale, tirés vers le sol et donc très dangereux ! Finalement, nous verrons décoller 3-4 ballons décorés de sponsors luminescents sans grand intérêt (mais ce n’est que notre avis…). Il faut imaginer un immense terrain pouvant accueillir des manèges, des stands, plus de 200000 personnes au pifomètre, des gens entassés par terre sur des nattes qui viennent de tout le Myanmar pour assister à cette fête. Nous ne parlerons que rapidement des toilettes qui n’ont pour seul mérite que celui d’exister, mais en faire silence reviendrait à ne relater qu’une partie des évènements, et on ne peut pas vous faire ça 😉 . Pour ne pas heurter les plus sensibles, nous vous dirons seulement que l’utilisation de chaux vive y est largement répandue, mais pas toujours efficace… Bref, nous repartons déçus, groggy, un peu barbouillés par cette dernière et étrange soirée à Inle.

IMG_2775Mandalay nous attend après une journée de route. Le lendemain, nous partons pour la journée visiter les 4 anciennes cités royales, situées autour de Mandalay, que sont Amarapura, Mingun, Sagaing, et Inwa, Mandalay ayant été la dernière des capitales royales. En attendant l’heure du déjeuner des moines auquel nous voulons assister, nous passons rapidement voir un atelier-boutique de sculpture sur bois, puis les frappeurs d’or, qui tapent à longueur de journée, avec des masses de 3 kilos, sur des clapets qui renferment les feuille d’or, jusqu’à obtenir une finesse d’ 1 :10ème de millimètre, avant de servir à recouvrir les Bouddhas du pays. Ensuite, nous allons découvrir la pagode Mahamuni à Mandalay, dont le Bouddha est littéralement boursouflé sous les monceaux de feuilles d’or qui recouvrent son corps, mais seuls les hommes ont le privilège d’aller en déposer. La pagode est belle et la visite agréable. IMG_2758Puis nous rejoignons Amarapura et le monastère Mahagandhayon, pour assister au petit déjeuner des moines, qui prennent leur unique repas de la journée à 10h15. Il y a 1700 moines dans ce monastère, et les voir défiler dans le calme absolu pour aller s’asseoir avec leur timbale remplie de nourriture dans l’immense réfectoire est assez émouvant. Tous ces hommes et enfants, tout vêtus de rouge, inspirent le respect et dégagent une sérénité bienfaisante. Mais le flot de touristes, dont nous faisons partie, gâche un peu la magie du rituel, et nous ne nous sentons pas complètement à notre place. Mingun Nous rejoignons Mingun, où nous grimpons sur l’immense pagode inachevée qui aurait dû trôner sur les rives de l’Irrawaddy à plus de 150 mètres de haut, mais du haut de ses 50 mètres, elle offre déjà un très beau panorama sur ce fleuve enchanteur. Puis, pas loin de là, nous allons voir la grande cloche de Mingun. SagaingNous rejoignons ensuite Sagaing, sa pagode U Ponya et son beau panorama sur toute la vallée de l’Irrawaddy et les collines alentours. Ensuite, nous prenons un petit bateau pour traverser un petit affluent du fleuve, avant de débarquer à Inwa, qui a remporté nos faveurs! Nous grimpons dans nos calèches bringuebalantes, pour découvrir ce très beau village hors du temps.

IMG_2813 Inwa (Maha Aung)Nous visitons deux monastères de styles très différents, Maha Aung, construit en dur, mais très joli à cette heure où le soleil lui donne des teintes ocre jaune, et Bagaya, tout en teck sculpté, vraiment magnifique, où vit un seul moine qui donne quelques cours à des enfants défavorisés.

Inwa (Monastère Bagaya)Le monastère a près de 180 ans, et sous les craquements du bois, on sent planer la spiritualité… Nos calèches nous ramènent vers l’embarcadère, en traversant ce si beau village qui semble être resté à l’écart du monde. Puis nous repassons par Amarapura pour aller découvrir le pont U Bein, tout en teck, merveilleux au coucher de soleil, même si là encore, le tourisme a fait une entrée fracassante…Pont U bein

       Pour notre dernière journée à Mandalay, nous visitons l’ancien Palais Royal, détruit pendant la dernière guerre mondiale et reconstruit à l’identique.  Palais Royal  Puis, nous allons voir la maison du Roi Mindon devenue monastère. Tout en teck, c’est encore une merveille que nous prenons le temps de découvrir.Maison du Roi Mindon

IMG_2908

IMG_2931Ensuite, nous allons à l’étonnante pagode Kuthodaw où plus de 700 petits stupas abritent autant de stèles sur lesquelles est gravé le canon bouddhique dans son intégralité. C’est assez impressionnant ! Pour finir la journée, nous allons sur la colline de Mandalay, point de vue incontournable (et pas contourné d’ailleurs…) sur la ville au soleil couchant. IMG_2943C’est sur ces belles images que s’achève notre escale birmane. Le temps est passé bien vite ici, et même si nous sommes heureux de poursuivre notre chemin vers l’inconnu, le Myanmar nous a offert de vrais moments de bonheur, et nous gardons dans un coin de notre tête qu’il recèle encore bien des trésors à découvrir.

        Demain, nous rejoindrons Tachileik en avion, à la frontière thaïlandaise, puis nous passerons la nuit à Mae Sai, côté thaï, avant de rejoindre Chiang Kong en taxi, point de passage vers Huay Xai, au Laos. Nous passerons 4 postes frontières sans encombre (sortie Birmanie, entrée Thaïlande, sortie Thaïlande, entrée Laos) avant de nouvelles escapades laotiennes, mais ça, c’est une autre histoire… !

Publicité

4 réflexions sur “De Bagan à Mandalay (10 jours)

  1. Sev

    Merci pour ce partage, les photos sont magnifiques, sans parler du texte, qui comme toujours se consomme comme un bon vin, sans modération…je me suis régalée, j’ai presque senti la fraicheur des montagnes et l’odeur de fumée, oui j’y étais, l’espace de quelques instants. Et que ca fait du bien!!! Merci mille fois, vivement le prochain épisode que j’attends toujours fébrilement, pressée de découvrir la suite de l’aventure. Je vous embrasse tous les 4 aussi fort que je vous aime..

    J’aime

  2. monique NEGRONI

    Quel délice. Tout nous enchante ! les photos magnifiques, le texte avec un style qui mériterait tout simplement le Goncourt! bravo Julie !
    nous avons l’impression d’être avec vous et de tout découvrir à vos côtés.
    Vous avez quitté l’Inde juste à temps, la télé nous annonçant des inondations très importantes.
    Votre reportage donne l’impression de journées très chargées et assez fatigantes. Vous arrivez à tenir le rythme ? vous accordez vous des journées repos ? Pablo et Mae suivent ils facilement le rythme ? vraiment bravo à tous les quatre.

    Nous vous embrassons très très fort et nous sommes unis a vous par la pensée.
    Profitez bien !

    J’aime

  3. Thierry

    Génial ! Un enchantement, je suis émerveillé, envoûté même enivré !
    La vidéo avec sa musique trop Toppissimo.
    Il y a qqc de « vrai » dans ce voyage, d’authentique. Je ressens le détachement le bien être, les difficultés aussi, les odeurs bonnes ou mauvaises, … je sens que les jeunes sont plus adultes, que les adultes sont plus sereins. Ce n’est pas un chemin de croix bien sûr mais il y a du travail de la volonté de la détermination et du bonheur. Il y a l’inconnu presque à chaque tournant et finalement une sacrée liberté !
    Wouhaawh. Quel dépaysement. Ça fait beaucoup de bien. MERCI.
    Rigolez bien 😉
    Gros Zoubi à tous les cuatro
    Thierry ( le voisin)

    J’aime

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s